Qu’est-ce que la biomasse ?

D’une manière générale, la biomasse désigne tout ce qui est issu du vivant. La biomasse est historiquement la première ressource exploitée par les humains pour se loger (bois de construction) et avoir accès à l’énergie (bois de cuisson, bois de chauffage). Dans ce dernier cas on parle de “biomasse énergie traditionnelle” ou plus simplement encore de “bioénergie traditionnelle”.

Depuis la révolution industrielle, d’autres moyens que la simple combustion de bois à l’air libre ont été développés. Toutes ces nouvelles utilisations énergétiques de la biomasse sont définies comme des “bioénergies modernes”. Ce terme englobe ainsi la production d’électricité, de biogaz, de carburants liquides (“biofuel”) ainsi que le chauffage des bâtiments et de l’eau à partir de biomasse.

Aujourd’hui on sait produire de la biomasse énergie à partir de nombreuses sources : cultures oléagineuses (colza, soja, …), cultures sucrières, déchets biodégradables (boues résiduaires, fumier, déchets alimentaires), micro-organismes photosynthétiques (micro-algues, bactéries) et bien entendu, lignocellulose (bois, paille, déchets urbains solides).

Derrière le terme “bioénergie” ou “biomasse énergie” se cache donc une multitude de matières premières et de produits énergétiques.

Bois d’œuvre, bois énergie

On appelle “bois énergie” (BE) le bois destiné à être brûlé pour produire de l’électricité et/ou de la chaleur. Habituellement, le bois énergie s’inscrit dans une filière plus large bâtie autour du “bois d’œuvre” (BO), un bois destiné à la fabrication de bâtiments, de meubles, etc.

Les directives européennes appellent à une utilisation dite “en cascade” du bois, c’est-à-dire que le bois doit avant tout servir comme matériau et en dernier recours comme énergie (voir notre article sur les textes de loi). Ceci permet de garantir à la fois l’optimum :

  • économique  : en contribuant à la construction de bâtiments, de meubles, etc, le bois d’oeuvre a beaucoup plus de valeur économique que le bois énergie,
  • écologique : le bois d’œuvre est une utilisation durable du bois (qui va de la décennie au siècle) et permet notamment de stocker du carbone, un atout considérable dans la lutte contre le changement climatique. A l’inverse, le bois énergie est brûlé à peine coupé : il n’a intrinsèquement aucun intérêt écologique.

En Guyane, le bois est pour l’instant utilisé en respectant ce principe. Sous le contrôle de l’Office Nationale des Forêts (ONF), entre 66 000 et 105 000 tonnes (principalement Angélique, Gonfolo, Grignon franc, Amarante et Balata) sont extraites chaque année depuis 8 massifs du Domaine Forestier Permanent.

Le bois est coupé en suivant une charte d’Exploitation à Faible Impact (EFI) qui garantit une durabilité de gestion unanimement reconnue. L’EFI inclut notamment qu’au maximum 5 tiges soient prélevées tous les 65 ans sur un même hectare.

Le fonctionnement des centrales biomasse en Guyane

Quelle(s) biomasse(s) pour la Guyane ?

A l’heure actuelle le développement de biomasse énergie en Guyane est envisagé uniquement pour la production d’électricité. On distingue deux types de centrales électriques à biomasse :

  • les centrales à combustible solide, qui vont brûler du bois,
  • les centrales à combustible liquide, qui vont brûler des agrocarburants.

Comment ça fonctionne ?

Les centrales à biomasse solide

Dans ce type de centrale, le bois est brûlé dans une chaudière afin de produire de la vapeur d’eau. Cette vapeur entraîne une turbine (hélice) qui permet de produire de l’électricité à travers un alternateur (principe de la dynamo).

Du fait des propriétés intrinsèques du bois comme combustible, les centrales à biomasse solide font partie des moins optimisées en termes de rendement énergétique. Seul environ un quart de la chaleur issue de la combustion du bois est converti en électricité. Le reste est perdu dans l’atmosphère.

Pour améliorer les rendements, il est possible de faire des centrales dites “à cogénération”. L’idée est de récupérer une partie de la chaleur pour alimenter des réseaux de chaleur, ce qui n’a pas d’intérêt actuellement en Guyane. Plus intéressant en revanche pour notre région, il est également possible d’utiliser cette chaleur pour produire du froid, sous forme de climatisation ou d’eau glacée.

Les centrales à biomasse liquide

Ces centrales fonctionnent sur le principe des groupes électrogènes : la biomasse liquide (agrocarburant) est utilisée comme carburant dans des moteurs à 4 temps qui entraînent un alternateur afin de produire de l’électricité.

La production électrique à partir de biomasse en Guyane

Les centrales à biomasse solide

Les centrales actuelles

Actuellement quatre centrales à biomasse solide sont en fonctionnement en Guyane, totalisant 15,8 MW installés. La centrale de Kourou (1,7 MW) a été construite par Voltalia il y a plus de 10 ans déjà.

Le développement des autres centrales s’est fait plus récemment : Cacao (5,1 MW, Voltalia) en 2020 puis Saint-Georges en 2021 (3 MW, Abiodis). Enfin en 2024 IDEX vient d’inaugurer, à Montsinéry-Tonnégrande, la plus grosse des centrales biomasse de Guyane (6 MW), appelée Biomasse Énergie de Montsinéry (BEM).

 

Les centrales en projet

Trois nouvelles centrales (soit 20 MW) sont en projet, voire en construction. A commencer par Voltalia qui construit actuellement, via sa filiale Sinnamary Biomasse Energie (SBE),  la plus grosse centrale électrique à biomasse ligneuse de Guyane (10,6 MW), à proximité du barrage de Petit-Saut.

De son côté la société IDEX porte deux projets de centrale à biomasse ligneuse en cogénération totalisant 10 MW de production électrique. L’idée est d’implanter les centrales sur le site du Centre Spatial Guyanais afin de produire du froid en cogénération pour les installations aérospatiales.

A elles trois, ces centrales représenteraient donc 20 MW de puissance, soit plus que toutes les centrales actuellement en service.

Enfin, l’actuelle PPE prévoyant 61,7 MW de biomasse à horizon 2030, il reste potentiellement encore 26,2 MW de centrales à construire. A cette heure nous n’avons pas connaissance de projets pour y répondre.

En résumé, la puissance, et donc la consommation de bois, des centrales à biomasse ligneuses installées en Guyane pourrait prochainement doubler et peut-être même quadrupler d’ici 2030.

Les centrales à biomasse liquide

A l’heure actuelle il existe un seul projet de centrale à biomasse liquide : il s’agit de la centrale du Larivot portée par EDF. Cette centrale avait été conçue à l’origine pour fonctionner au fioul et au gaz, mais il est désormais prévu qu’elle produise de l’électricité à partir d’agrocarburants à compter de 2026.

Dotée de 7 moteurs, cette centrale de 120 MW est pensée pour remplacer les centrales de Dégrad des Cannes (110 MW) ainsi que celle de Kourou (40MW, voir notre article sur l’énergie en Guyane). Elle est donc 10 à 20 fois plus puissante que les centrales à biomasse ligneuse envisagées sur le territoire.